Dans La grosse femme d’à côté est enceinte, de Michel Tremblay, québécois contemporain, la grossesse est un fait social, un élément récurrent de la vie d’une communauté.
Il s’agit d’un quartier ouvrier de Montréal, en 1942, dont la vie suit la loi des grands nombres dans une explosion de personnages aux noms chantants et au vocabulaire truculent. Les enfants, la famille, les voisins, le chat et des vieilles femmes un peu fantômes ont la parole.
À 42 ans, la grosse femme dérange tout le monde à vouloir encore jouer à la mère.
C’est la grossesse d’avant la contraception et la pudeur sociale. Celle que les gars discutent au bistrot du coin en accusant Gabriel d’avoir mis sa femme enceinte pour échapper à la guerre.

Malgré les contraintes sociales, l’argent, la morale sexuelle, l’embonpoint, la guerre, la grosse femme s’en fout, elle fait des enfants.
Péniblement, héroïquement, elle quitte le fond de son lit à la fin de la journée, pour une célébration du printemps et une réunion onirique sur le balcon avec les autres femmes enceintes du quartier, jeunesses dont elle pourrait bien être la mère. Ce qui les unit là, c’est cette fraternité étrange et secrète qui participe aussi du fait social de la grossesse.
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