mardi 29 mars 2011

Guillaume Gallienne


Guillaume Galienne est un homme, français, vivant. Les domaines dans lesquels il exerce son talent sont multiples, mais non, il n’est pas écrivain.
Alors pourquoi une place dans les éclats de lecture ?
Vous vous souvenez peut-être vous être endormi au son d’un conte ou d’une longue histoire, comme l’esprit se perd entre le rêve et les mots réellement perçus. Comme le temps se brouille et chaque syllabe est du présent : dissout dans l’éternité de ce moment offert par quelqu’un de grand, un parent, un disque, quelqu’un qui lit.
C’est ce que fait Guillaume Gallienne sur France Inter. Pour ceux qui aiment lire et n’en ont pas le temps. Pour ceux qui veulent lire mais manquent d’inspiration (une mine). Pour ceux qui lisent beaucoup mais qui comme moi savourent comme une friandise la madeleine offerte de la lecture à voix haute.
Le choix est intelligent et varié, anciens et modernes se confrontant sans violence. La voix est douce, animée, presque chuchotante et si chaleureuse qu’on se sent en toute intimité. Il faut souligner que ce sociétaire de la Comédie Française a su ne pas mettre trop de théâtre dans sa diction pour rester dans la neutralité du livre. Il se plie, se love dans les textes et nous les offre sur un plateau.
C’est le samedi après midi, ça se pod caste ici, et c’est un pur plaisir. C'est doux et intelligent et comme l'indique le titre de l'émission ça peut pas faire de mal...

lundi 21 mars 2011

Aube d'une odyssée

C'est le nom de l'opération militaire antiKadhafienne en Libye.
Pour de vrai.
Il se trouve donc des conseillers en communication militaire dans plusieurs grands pays avec de solides traditions littéraires pour pondre ça.
Heureux qui comme Ulysse...
Il y en a qui n'ont jamais lu un livre, apparemment. Quelle odyssée ? Qui va faire un long voyage initiatique semé d'embûches pour retourner grandi au pays de ses ancêtres ? Une aventure ???!!

Je croyais qu'il n'y avait que dans les pubs de l'industrie agro-alimentaire que les mots perdaient leur sens et que l'hyperbole lénifiante était de rigueur, mais voilà, c'est notre Novlangue, il faut s'y faire...

Une "explosion intense de saveurs fruitées inédites", c'est un chewing-gum.
"Aube d'une odyssée", c'est la guerre.

jeudi 17 mars 2011

Japon - nucléaire

      Déjà-vu
      Incompréhensible sensation devant les images indescriptibles de japonais hagards au milieu des ruines et de la menace nucléaire. Pas dans un film catastrophe, non.
      Plus que déjà-vu. Déjà ressentie, cette angoisse sourde. Quelque chose de plus ancien que la crainte rationnelle d’une catastrophe de plus, de retombées, de milliers d’irradiés. Quelque chose d’encore plus sombre, invertébré. La peur du noir. Du loup.
      Mais pourquoi me reviennent des images de renard roux ?
      J’étais très jeune. J’allais peu au cinéma. Par je ne sais quelle aberration, mes parents m’avaient emmenée voir Rêves, de Kurosawa. Il est là, mon souvenir. Mêlées à des histoires de mariage de renards, ils sont restés dans ma mémoire d’enfant : des personnages noyés dans la catastrophe nucléaire.
      Quelque chose s’était passé au pays du soleil levant qui avait fait exploser des centrales. Le pays détruit. Je revois des silhouettes asiatiques, errantes, qui se découpent sur du blanc, du gris : débris ? neige ? Leur humanité demeurait, inexplicable. Je me rappelle un calme étrange.
      La peur, ma peur innommable d’enfant devant ces images, c’est celle qui est à l’œuvre, là-bas.
      La peur du vide qu’on a derrière le dos, de l’espace infini au dessus de la tête. De l’ennemi amorphe, invisible, insidieux.
      La quintessence de l’angoisse.