jeudi 17 mars 2011

Japon - nucléaire

      Déjà-vu
      Incompréhensible sensation devant les images indescriptibles de japonais hagards au milieu des ruines et de la menace nucléaire. Pas dans un film catastrophe, non.
      Plus que déjà-vu. Déjà ressentie, cette angoisse sourde. Quelque chose de plus ancien que la crainte rationnelle d’une catastrophe de plus, de retombées, de milliers d’irradiés. Quelque chose d’encore plus sombre, invertébré. La peur du noir. Du loup.
      Mais pourquoi me reviennent des images de renard roux ?
      J’étais très jeune. J’allais peu au cinéma. Par je ne sais quelle aberration, mes parents m’avaient emmenée voir Rêves, de Kurosawa. Il est là, mon souvenir. Mêlées à des histoires de mariage de renards, ils sont restés dans ma mémoire d’enfant : des personnages noyés dans la catastrophe nucléaire.
      Quelque chose s’était passé au pays du soleil levant qui avait fait exploser des centrales. Le pays détruit. Je revois des silhouettes asiatiques, errantes, qui se découpent sur du blanc, du gris : débris ? neige ? Leur humanité demeurait, inexplicable. Je me rappelle un calme étrange.
      La peur, ma peur innommable d’enfant devant ces images, c’est celle qui est à l’œuvre, là-bas.
      La peur du vide qu’on a derrière le dos, de l’espace infini au dessus de la tête. De l’ennemi amorphe, invisible, insidieux.
      La quintessence de l’angoisse.

1 commentaire:

  1. Phil a dit : "Tu exprimes ce que je ressens, sans Rêves ni renards roux "

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